Nous avons quitté Port Bourgenay cet après-midi, pour rejoindre le détroit de Gibraltar et que Scarlett Macaw puisse retrouver son heureux propriétaire. Cette fois-ci, ce sera donc en mode convoyage. Patrice et Marc m'accompagnent pour cette dernière virée.
Quart de nuit, au milieu du Golfe de Gascogne. L’esprit s’envole. Il y a déjà 2 semaines nous passions dans l’autre sens, arrivant des Açores. Dernière étape de cette année sabbatique.
Une dernière journée à jongler avec les risées sur le plan d’eau et les horaires de marées pour pouvoir arriver à rentrer à Port Bourgenay. Mission accomplie, à 23h, accueillis par les parents et Patrice sur le ponton. Retrouvailles, échanges, photos, anecdotes…
Le lendemain, on commence à vider le bateau. Sensation de fin, pas envie de quitter le navire. Nous mettrons 2 jours avant de réintégrer la maison…
Le bateau est fin prêt, tout beau, lustré, nouvel antifouling, nettoyé de fond en comble. Malheureusement, souci au moment de la mise à l’eau et nous sommes obligés de ressortir le bateau de l’eau. Le temps de recevoir les pièces, une nouvelle semaine s’écoule.
La fenêtre météo est loin d’être aussi belle que la précédente mais c’est jouable. Juste une journée avec du vent de face au milieu du golfe de Gascogne mais pas trop fort a priori.
Partis au moteur le vent s’installe peu à peu et nous filons à belle allure, en route directe. Quelques averses, des éclairs au loin mais tout va bien. Malheureusement, le lendemain le vent se lève de face, comme annoncé mais bien plus fort que prévu, avec une houle courte et désordonnée. Scarlett fait des bonds, tape, cogne, vibre. Pauvre bateau. Une nuit cap au SSW à jouer à saute-mouton, à écouter le bateau travailler et nous voilà à tirer des bords et des bords, le long de la côte espagnole. Le vent ne mollissant pas nous décidons de passer la nuit au mouillage, dans un abri découvert sur la carte. Le bonheur, quand tout s’arrête, le bateau immobile à l’ancre. Une soupe chaude et une grosse nuit qui fait du bien.
Le lendemain la météo est bien différente et nous alternerons beaucoup d’heures de moteur et quelques heures sous spi, parfois accompagnés de dauphins. Le tout sous le thème du tourisme. En effet, la route nous fait longer la côte d’assez près et nous permet de découvrir une nouvelle fois la beauté de cette côte de Galice.
Quart de nuit très paisible. Le Cap Finisterre est derrière nous, nous glissons sous GV seule sur une mer enfin assagie. La vitesse est faible mais c’est bon de ne plus entendre le moteur, juste le chuintement de l’eau le long de la coque. Les lumières de la côte nous éclairent, quelques bateaux de pêche nous croisent pendant que nous glissons tout doucement vers le Sud, en direction de Lisbonne, prochain point de passage sur notre route.
Toutes ces baies que nous longeons, toutes ces rias que je m’amuse à zoomer sur la carte laissent la place au rêve. A quand le prochain passage en bateau ? Il y a tant de choses à découvrir, tant de choses à réaliser. Parfois, la vie prend une tournure différente de celle que l’on s’était fixée ou imaginée. Parfois, le retour est difficile.
Il es temps d’aller jeter un œil sur le pont, histoire de ne pas se retrouver avec un bateau de pêche à l’abordage…
Alternance de pur bonheur avec de longues heures sous spi, sur une mer belle, un ciel bleu enfin retrouvé et d’un peu de frustration lorsqu’on est obligé de démarrer le moteur, le vent étant définitivement trop instable et faible pour faire avancer le navire.
Décision est prise de faire un arrêt gasoil à Cascais à l’embouchure du Tage. Ça ne représente pas de détour car juste sur la route et permet d’assurer les réserves si le petit temps se maintient d’ici Gibraltar.
Joie de plonger dans une eau glaciale pour dégager un casier de pêcheur mouillé juste devant le port et qui s’est pris dans la quille puis l’embase… Du coup, gasoil et bière à terre pour se remettre de tout ça. Nous passons la nuit au mouillage avant de remettre le cap au Sud, pour la dernière étape de ce convoyage.
Nous déboulons sous spi puis GV à 1 ris et génois et enroulons le Cap St Vincent bien plus vite que prévu. Détroit de Gibraltar en ligne de mire. Objectif que nous atteignons à peine 36h plus tard.
Et c’est donc le samedi matin, au lever du jour, que nous passons Tarifa, poussés par un fort courant de marée. Nous marchons à 8 nœuds alors qu’il y a quasi pétole. C’est bon quand ça se passe comme ça. J’ai eu souvent l’inverse ;-)
Et 11 mois plus tard, Scarlett Macaw recoupe son sillage. La boucle est bouclée. Sentiments étranges… Que le temps est passé vite ! Et pourtant, que de choses vécues…
A midi nous amarrons le bateau à son port d’attache. Une page se tourne…
Nettoyage du bateau intérieur et extérieur, trouver des billets d’avion et… retour à la maison.
C’est depuis la terre ferme que je poste cette mise à jour.